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16/04/23

Gestion de crise : une campagne nationale d’exercices pour les collectivités

2 raisons de participer

Cette campagne nationale d’exercices, baptisée Prépa’Risk, vise à sensibiliser l’ensemble des acteurs locaux à l’importance de la préparation faces aux risques majeurs. Elle se déroulera au mois de mai et juin 2023 sur l’ensemble du territoire national, de métropole et d’outre-mer.

En participant à Prépa’Risk, vous pourrez :
1. Tester les dispositions prévues dans vos PCS ou PICS.
2. Bénéficier d’une série d’exercices clé en main et gratuits.

S’inscrire

Pour participer, les collectivités locales doivent s’inscrire en remplissant le formulaire en ligne via le lien suivant : www.preparisk.fr.  Elles auront ainsi accès à toutes les informations nécessaires afin de choisir les scénarios d’exercice souhaités ou encore renseigner les contacts qui seront destinataires de informations de jeu le jour de l’exercice. Cette inscription donnera accès à une plateforme numérique dédiée et adaptée au contexte du participant qui permettra de jouer le jour J. Par la suite, la réalisation d’un retour d’expérience anonyme sera également possible au travers de cet outil numérique.

Cette initiative, inédite par son ampleur et ses ambitions, est menée avec l’appui du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, du ministère de 3l’intérieur et des Outre-Mer, des préfectures et des partenaires nationaux relais.


24/05/22

Alerte des populations : on change de siècle

L’association AMARIS était présente, en qualité d’observatrice, pour assister à la première expérimentation du cellbroadcast, déployée le 17 mai dernier, dans le cadre de l’exercice de sécurité civile européen DOMINO *. Pour mémoire, cette technologie permet d’envoyer des notifications sur les smartphones pour alerter les populations dans un périmètre choisi à partir des zones de couverture des opérateurs de téléphonie. Elle permet de donner des consignes à toutes les personnes présentes dans une zone ou y entrant. AMARIS remercie la ville de Fos-sur-Mer qui a accueilli Jean-Michel Budynek (adjoint au maire de Solaize et membre du conseil d’administration de l’association). Deux autres communes, Martigues et Châteauneuf-les-Martigues, étaient concernées.

L’expérimentation réussie du 17 mai

Sur ces territoires, à la faveur du développement des scénarios d’exercice, les différents moyens d’alerte ont été actionnés : sirènes PPI, messages sur les panneaux lumineux, message par automate d’appel, etc. et le cellbroadcast. Ces tests ont permis de constater que techniquement le système fonctionne. Il y a même eu de bonnes surprises notamment la traduction des messages en langue étrangère, l’adaptation pour les personnes mal voyantes, etc. Les principales questions techniques sont donc levées.

 

Mais des questions en suspens…

Jusqu’à la fin du mois de juin, 3 autres expérimentations sont prévues dont une le 7 juin à Feyzin et Solaize. Nous les suivrons avec grand intérêt car, outre les aspects techniques, d’autres points stratégiques nous interpellent :

  • sur la bonne articulation entre les dispositifs d’alerte, ainsi que sur la cinétique d’envoi des notifications. Nous avons constaté qu’à Martigues, le cellbroadcast a été actionné moins rapidement que la sirène PPI mettant ainsi en évidence qu’il faut encore travailler sur le contenu même des messages ;
  • sur le contenu des messages, et notamment les consignes données aux populations : faut-il mettre en place un système de messages pré-remplis ou pré-fléchés ?
  • sur l’autorité la plus adaptées pour engager l’usage de cette technologie en matière d’information des populations…

 

Vous l’aurez compris, un des enjeux est de gagner en rapidité pour limiter l’exposition des populations. Pour y répondre, il est nécessaire de poser la question de l’acteur le mieux placé pour utiliser cet outil. En fonction des événements, de leur cinétique et de leur impact territorial, la capacité du maire ou de l’industriel pour utiliser cette technologie pourraient être particulièrement pertinents (pour mémoire, environ 99% des crises sont gérées par les communes).

(*) L’exercice Domino 22 – Ce test grandeur réel a été réalisé dans le cadre de l’exercice européen Domino 22, joué dans le secteur de l’étang de Berre. Nous attendrons les RETEX pour vous rendre compte de cet exercice qui avait pour objectif de tester la montée en puissance des dispositifs de sécurité civile pour répondre à des scénarios divers (tempête, fuite de chlore, collision de navires entrainant une pollution, etc.) jusqu’au recours des secours européens.

31/03/21

Alerte des populations et gestion de crise

Il y a quelque chose d’ambitieux à s’attaquer une nouvelle fois à la thématique de la gestion de crise. Il existe, en effet, une littérature abondante, de nombreux guides, colloques, travaux, etc. Finalement pourquoi ferait-on mieux cette fois-ci ?

C’est avec ces garde-fous en tête, que l’ICSI et AMARIS ont lancé en décembre 2020 un cycle d’échanges réunissant les acteurs de la gestion de crise. En décembre 2020, un premier tour de table a permis de les réunir et de leur proposer une approche : partir des territoires et des populations, considérer que, collectivement, il est nécessaire de se former et d’approfondir la question de la perception des risques, mieux appréhender pourquoi il n’est plus possible de faire de la prévention sans les gens, comprendre les comportements face aux dangers, etc. Ainsi, depuis le début de l’année, AMARIS et l’ICSI organisent chaque mois un échange avec un chercheur, un universitaire, etc. C’est sur cette base que les axes de travail seront ensuite déterminés collectivement, l’objectif de ce GEC étant de proposer des pistes d’amélioration opérationnelles.

Aujourd’hui, nous tenons à remercier tous les acteurs de la gestion de crise qui participent à cette démarche : des collectivités adhérentes à AMARIS (Chasse-sur-Rhône, Caux Seine Agglo, Grand Quevilly, Le havre Seine Métropole, Métropole Rouen Normandie), des associations (AITF, VISOV, FNE, Respire Rouen), des représentants d’industriels (France Chimie, Synerzip-LH, AEPJR, etc.), des organisations syndicales et des experts (ATRISC, BARPI, GESIP, INERIS, IRMA, Université d’Avignon, SDMIS, etc.).

SUR LE SITE DE L’ICSI, + D’INFOS
> sur le GEC
> sur les thématiques de travail 

 

 

 

 

 


22/06/20

De l’alerte à la mise à l’abri

L’enquête

Réalisée en 2018 sur l’agglomération rouennaise, cette enquête porte sur la connaissance du signal national d’alerte et des consignes telles que décrites dans les documents officiels ainsi que sur les comportements réflexes possibles des populations en cas d’alerte. Elle s’intéresse aux résidents de la zone PPI ou aux personnes la fréquentant occasionnellement ou régulièrement. Un questionnaire complémentaire destiné aux responsables des ERP (équipements recevant du publics) privés et publics a permis de creuser la question de la mise à l’abri.

Les chiffres

> 19% des personnes connaissent à la fois l’alerte et les consignes.
> 24 % connaissent le signal d’alerte (sirène) mais n’associent pas de comportement.
> 46% ne connaissent ni l’un ni l’autre.
> Moins de 20% des enquêtés font le lien entre le signal d’alerte et les consignes
> 60% des responsables d’ERP ou de sécurité ne laissent pas entrer les personnes situées à l’extérieur dans leurs établissements en cas d’alerte.

Les enseignements saillants

– Les résultats de cette enquête mettent en évidence l’absence de réflexes normés tels que prescrits par les autorités alors que, dans les exercices de crise, le scénario le plus souvent joué est celui de populations qui se comportent selon les procédures transmises lors des campagnes d’information.
– Cette enquête constate une variété de comportements déclarés au moment du déclenchement d’une alerte. Ainsi, au-delà de la simple connaissance des consignes, leur mise en pratique reste un défi. Elles sont parfois mal comprises ou pas adaptées.
– Alors que la conduite à tenir est principalement la mise à l’abri dans le bâtiment le plus proche, cette consigne n’est pas réaliste en milieu urbain non équipé en abri refuge. Dans ce contexte, l’accueil dans les ERP (publics et privés) est un enjeu qui n’est aujourd’hui pas identifié.

Des pistes de travail

– Démultiplier les moyens d’alerte
– Un programme de formation auprès des personnels de sécurité et des responsables des ERP.
– Un diagnostic sur les zones refuges et de mise à l’abri présentes sur les territoires à risques industriels afin d’évaluer la cohérence de la consigne avec les capacités d’accueil du territoire.
– La création d’un statut de personnes référentes de sécurité civile pour les agents de sécurité ou responsables d’ERP

En savoir plus

Justine Fenet et Éric Daudé, « La population, grande oubliée des politiques de prévention et de gestion territoriales des risques industriels : le cas de l’agglomération rouennaise », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Espace, Société, Territoire, document 932, mis en ligne le 07 février 2020.


05/11/19

Réévaluer les politiques publiques

Plus de 16 ans après l’entrée en vigueur de la loi Bachelot, les Plans de Prévention des Risques Technologiques sont quasiment tous approuvés, (380 approuvés en février 2019 sur 388 à réaliser).

Pour autant, la dynamique de leur mise en œuvre n’a pas trouvé sa vitesse de croisière et à la lumière des observations réalisées sur plusieurs territoires concernés, faible culture du risque, efficience limitée des actions d’information préventive, blocages d’ordre technique et financier, systèmes d’alerte inadaptés, constituent tout autant de facteurs contribuant à ralentir la mise en sécurité des habitants et des activités économiques riveraines.

Parallèlement, la gestion de l’incendie de l’usine Lubrizol en septembre dernier soulève de nombreuses questions sur la pertinence des dispositifs de communication utilisés et sur le rôle et la coordination entre les différentes parties prenantes.

Ce sont généralement des accidents majeurs qui ont conduit les pouvoirs publics à légiférer sur la prévention des risques. Ainsi, le drame d’AZF en 2001 a été à l’origine de deux lois – la loi dite « loi Risques » du 30 juillet 2003 et la loi de modernisation de la sécurité civile du 13 août 2004, – et de plusieurs dispositifs : plan de prévention des risques technologiques, commission de suivi de site, etc.

Mais pour AMARIS, avant d’envisager toute évolution liée à l’incendie de Rouen, il est indispensable d’évaluer les politiques de prévention et de gestion de crise dans leur globalité, de nous réinterroger collectivement sur la cohérence des actions de la puissance publique et des industriels, mais aussi sur la place des élus et la gestion de l’information auprès des citoyens.

Depuis 30 ans, le travail engagé par AMARIS avec ses adhérents lui permet d’avoir un avis éclairé par des retours de terrain sur tous les dispositifs liés aux risques accidentels incluant les communes et intercommunalités. Les témoignages et retours d’expérience recueillis par l’association lui ont permis de formuler un ensemble de propositions destinées à faciliter la mise en œuvre des mesures préventives et à améliorer les dispositifs de gestion de crise.

Lire le dossier de presse

Lire le Livre blanc « Mise en protection des activités riveraines des sites Seveso seuil haut »


07/10/19

Risques et responsabilités / Questions-réponses

Quelle est la répartition des rôles entre l’État et les collectivités en cas de crise / d’accident technologique ?
En cas d’accident technologique, l’alerte est une mission qui revient à l’autorité en charge de la gestion de la crise :
– soit le ministre de l’intérieur en cas d’impact national,
– soit le préfet du département lorsque l’accident concerne le territoire de plus de deux communes,
– soit le maire de la commune concernée.

Les mesures de sauvegarde et de protection des personnes sont alors mises en œuvre selon les dispositions du plan particulier d’intervention (PPI) qui constitue un volet du plan ORSEC. Au niveau communal, ces mesures sont relayées par le Plan Communal de Sauvegarde (PCS) dont doivent se doter obligatoirement les communes comprises dans le champ d’application d’un PPI (ou concernée par un PPRNP approuvé) et qui est fortement recommandé pour les autres.

Bien entendu, le maire conserve son pouvoir de police afin de prendre toute mesure de nature à assurer la sécurité des personnes (L 2212-2 du Code Général des Collectivités Territoriales).

En d’autres termes, il s’agit d’un véritable travail d’équipe entre les services de l’État et ceux des collectivités et par conséquent d’un partage de responsabilités.

Comment les dispositifs de prévention et de gestion des risques (PPRT/PPI/PCS) s’articulent-ils ?
Ces dispositifs s’articulent grâce à des documents qui permettent à l’État et aux collectivités de s’acquitter de leurs obligations en matière d’informations et d’organisation en cas de crise.

Le PPRT et le PPI sont des documents qui émanent des services de l’État. Ils n’ont pas le même objet mais peuvent être complémentaires.

Le PPRT (Plan de prévention des risques technologiques) est un outil préventif de maîtrise de l’urbanisation qui délimite les effets d’accidents susceptibles de survenir dans les installations Seveso seuil haut et pouvant entraîner des effets sur la salubrité, la santé et la sécurité publiques directement ou par pollution du milieu. Il édicte également des mesures curatives : restreindre les biens existants exposés (mesures foncières), renforcer la protection de l’existant par des travaux ou d’autres mesures sur la gestion des espaces publics facilitant l’intervention des secours. Sur cet aspect, on observe une complémentarité avec le PPI.

Il est établi pour chaque installation Seveso seuil haut recensée dans le département par le préfet. Ce sont les collectivités (communes, intercommunalités si elles disposent de la compétence urbanisme) qui mettent en œuvre les mesures foncières (expropriation, délaissement) et l’instruction des demandes d’occupations du sols (permis de construire, etc.)

Le PPI (Plan particulier d’intervention) est un outil de gestion de crise permettant l’organisation et l’intervention des secours ainsi que les règles de conduite à tenir en cas d’accident. Il comprend les mesures d’information et de protection des populations, les schémas d’évacuation et indication des lieux d’hébergement, et les mesures de diffusion immédiate de l’alerte par l’exploitant et l’information des autorités sur la situation et l’évolution de cette alerte.

Son périmètre est plus étendu que celui du PPRT et sa mise en œuvre relève des services de l’État.

Le PCS (Plan communal de sauvegarde) est un outil de gestion de crise émanant des communes qui comprend des informations relatives au recensement  des risques potentiels (naturels, technologiques, sociétaux, etc.) ainsi que des dispositions opérationnelles permettant de déterminer les mesures immédiates de sauvegarde et de protection des personnes.  

Les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre peuvent élaborer un plan intercommunal de sauvegarde en lieu et place du PCS, arrêté par le président de l’établissement et par les maires de chaque commune (L 731-3 du Code de la Sécurité intérieure).

La mise en œuvre du plan communal ou intercommunal de sauvegarde relève de chaque maire sur le territoire de sa commune.

Ainsi, chaque acteur assume sa part de responsabilité dans l’élaboration des documents et surtout dans la mise en œuvre des dispositifs. Toutefois, la coordination et la coopération entre les services de l’État et des collectivités sont souhaitables, bien qu’il n’y ait pas d’obligation faite dans les textes en ce sens.

Dans la mesure où il est attendu des différents acteurs qu’ils mettent en œuvre tous les moyens mis à leur disposition pour assurer la sauvegarde des populations en cas d’accident technologique, cela implique en amont une information du public sur les risques connus (DICRIM élaboré par les communes grâce aux informations communiquées par le DDRM, campagne quinquennale d’information sur le risque industriel associant l’État, les collectivités, l’exploitant et les associations).

Quelles sont les conditions pour décréter l’état de catastrophe technologie et à défaut comment les victimes sont-elles indemnisées ?
L’état de catastrophe technologique peut être décrété en cas de survenance d’un accident dans une installation classée pour la protection de l’environnement incluant les sites Seveso et endommageant un grand nombre de biens immobiliers (article L 128-1 du Code des assurances). 

Cet état est décrété par un arrêté conjoint du ministre chargé de l’économie, du ministre chargé de la sécurité civile et du ministre chargé de l’environnement dans un délai maximal de quinze jours.

Il est constaté en cas de survenance d’un accident rendant inhabitable plus de 500 logements (article R 128-1 du Code des assurances). Le caractère inhabitable d’un logement s’apprécie en fonction de sa destruction totale ou partielle mais peut également être la conséquence de son insalubrité c’est-à-dire s’il présente un danger pour la santé et la sécurité de ses occupants.

Les victimes non assurées peuvent bénéficier d’un fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (article L 421-16 du Code des assurances).

En l’absence d’arrêté décrétant l’état de catastrophe technologique, c’est la responsabilité de l’exploitant dont l’installation est à l’origine des dommages qui pourra être mobilisée.

Que prévoit la loi en matière d’indemnisation en cas d’évènement sanitaire consécutif à un accident technologique ?
S’il existe un dispositif de gestion de crise sanitaire (article L 1435-1 du Code de la santé publique), il n’existe pas de dispositif d’indemnisation spécifique en cas de crise sanitaire notamment lorsque cette dernière est consécutive à un accident technologique.

En effet, le mécanisme permettant de décréter l’état de catastrophe technologique ne concerne que l’indemnisation des dommages matériels à l’exclusion des dommages corporels.

A défaut d’un tel dispositif, on peut imaginer que les mécanismes de responsabilité de droit commun peuvent être mobilisés en identifiant le préjudice et son lien de causalité avec l’évènement déclencheur. Cela nécessite de prendre en compte l’intervention de chaque acteur dans la réalisation de ce préjudice tant en ce qui concerne les missions de prévention que de gestion des conséquences dommageables de l’évènement.

Il peut s’agir de l’exploitant mais également des pouvoirs publics.

 


30/04/19

Diffuser l’alerte, une question de moyens ?

En France, malgré un contexte règlementaire précis et des capacités technologiques importantes, l’alerte pèche encore, dans de nombreuses situations, à initier rapidement le déclenchement des opérations de gestion de crise. Quels que soient les risques (inondation, tsunami, séisme, industriels, etc.), les retours d’expériences témoignent de difficultés à lancer les interventions. La question des moyens utilisés pour l’alerte se pose évidemment. En France, les sirènes restent le moyen privilégié de transmission, alors qu’elles ne sont pas systématiquement entretenues et audibles.

La technologie pour diffuser l’alerte existe pourtant. Mais quand bien même elle est utilisée, elle soulève de nouvelles interrogations :
>  juridique : quelles responsabilités des services de secours pour des messages sur les réseaux sociaux ?
technique : comment garantir l’efficacité de la diffusion de l’information face à toutes les situations, notamment pour les personnes véhiculées ?

L’utilisation de moyens de plus en plus techniques a donc introduit de la complexité dans les chaînes de diffusion de l’alerte et ainsi fait apparaître des facteurs de d’incertitude.

Au-delà de la diffusion ponctuelle de l’alerte, il est nécessaire de travailler régulièrement avec les habitants afin de les rendre acteurs. La sensibilisation aux consignes de sécurité est un passage obligé pour développer les réflexes adoptés en situation de crise. Le contenu des messages peut à ce titre être travaillé pour mieux s’adapter à la cible visée et au contexte de réception.  Les messages aux contenus décalés sont souvent efficaces, tels que ceux présentés au colloque concernant le risque d’avalanche : « Vous êtes expert de la montagne… mais l’avalanche ne le sait pas« . Utiliser le bon sens, l’humour, sans être alarmiste, est ainsi un moyen de susciter la réflexion et de faire évoluer les conduites.

Afin de changer les perceptions collectives, il s’agit donc de faire évoluer les représentations de l’ensemble des acteurs concernés. En cas d’alerte, les habitants ne doivent pas jouer un rôle uniquement passif, en appliquant les consignes de mise à l’abri, mais doivent aussi être actifs, en adaptant ces consignes à leur situation particulière et en acceptant de changer leurs habitudes. C’est par exemple tout l’enjeu pour les personnes véhiculées, qui ont souvent pour premier réflexe d’aller chercher leurs enfants à l’école en cas d’alerte, allant ainsi à contre courant des consignes de sécurité. L’association de tous les acteurs dans le processus et le travail sur la transmission de l’information, à chacun des niveaux, est primordial.


12/01/19

Vers une fragilisation du modèle français de sécurité civile ?

Cette étude dresse l’état de lieux des services de secours, en se fondant sur l’évolution des équipements à leur disposition, un indicateur pertinent pour mesurer l’état des organisations de secours. Il ressort  une fragilisation des services de secours. Elle est liée à des facteurs économiques et réglementaires tels que :
> la crise économique et la faiblesse historique des budgets ;
> une organisation et un dimensionnement qui ne sont pas régis par des textes réglementaires suffisamment précis ;
> une départementalisation économique mal préparée ;> une écriture du SDACR souvent parcellaire.

Il en résulte, pour les équipes, une charge opérationnelle croissante, un grand turn over et de nouvelles contraintes subies par les sapeurs pompiers volontaires. La baisse tendancielle des effectifs professionnels et volontaires concourt, entre autres,  à une aggravation des délais d’intervention, et des sinistres matériels et humains. Il s’agit d’autant de paramètres qui s’opposent  à la prise en compte des risques majeurs, pour lesquels la couverture opérationnelle est souvent retardée, voire inexistante.

> Lien vers l’étude


23/09/18

Du risque à la menace : vers une nouvelle organisation de gestion de crise ?

Présentation des missions du SDMIS à Feyzin, le 17 septembre

Avec leurs PCS, les collectivités doivent anticiper, préparer leurs moyens d’intervention et s’entrainer régulièrement pour tester la réactivité de leur réponse. Comment intégrer des nouvelles menaces ? Quels moyens mobiliser ? Leur prise en compte va-t-elle modifier en profondeur les modes d’intervention ? Si on suit l’exemple du SDMIS (Service départemental – métropolitain d’incendie et de secours – Métropole de Lyon), c’est probable.

Le SDMIS a changé radicalement les principes régissant ses modes d’interventions. Aujourd’hui il s’agit, en effet, de gérer des risques connus et évalués tout en sachant anticiper et intervenir sur des menaces possibles, en situation d’incertitude. En conséquence, c’est le métier de pompier qui évolue avec cette nouvelle approche. Pour être préparés à intervenir face à des risques d’agression, les pompiers sont désormais équipés de protections pare-balles et formés à la prise en charge et l’évacuation rapide des victimes. Ce nouveau modus operandi implique de renforcer la coordination avec différents acteurs, notamment forces de l’ordre et hôpitaux. La gestion de crise et le partage des moyens d’intervention sont désormais pris en compte dans les CoTTRIM (Contrat territorial de réponse aux risques et aux effets des menaces) et SACR (schéma d’analyse et de couverture des risques), qui établissent un inventaire des risques et des menaces et identifient les synergies entre les acteurs.

 


27/03/18

Plan de mise à l’abri – entreprises

Contexte – Deux PPRT qui ont en commun trois spécificités.
1. Ces deux sites sont concernés par la circulaire plateforme.
Les zones industrialo-portuaires du Havre et de Port-Jérôme font partie des sites classés «plate-forme». A ce titre, ils bénéficient de règles PPRT différentes et, depuis 2013, les acteurs travaillent sur la mise en place d’une gouvernance collective de la sécurité.

2. Ces deux PPRT fixent une feuille de route aux entreprises riveraines.
Les règlements PPRT imposent aux entreprises la mise en place de plan de mise à l’abri – activités économiques (PMA-AE) et précisent leur contenu. Les PMA-AE doivent comprendre une bonne connaissance des phénomènes dangereux, la formation des personnes, les missions de chacun, les moyens à mettre en œuvre dont l’alerte, la participation régulière à des exercices communs avec les établissements Seveso, la nomination dans chaque entreprise d’une personne chargée de la mise à jour du PMA-AE, etc.

3. Deux associations accompagnent les entreprises.
Sur ces deux sites, la gouvernance de la sécurité est adossée sur des associations dotées de moyens : SYNERZIP-LH au Havre et l’AEPJR à Port-Jérôme.

L’AEPJR est animée par la communauté d’agglomération Caux-Vallée-de-Seine. Cette association compte aujourd’hui 27 membres. Née dans les années 70, elle porte des projets communs entre les entreprises Seveso et les entreprises riveraines tels que le PPRT, la mise en place de sirènes, la création d’un plan de communication d’urgence ou encore des projets de développement économique pour la zone.

Au Havre, SYNERZIP-LH est née de la fusion entre une association préexistante au PPRT axée autour de la problématique du développement économique et l’association créée pour porter la gouvernance collective de la sécurité imposée par le PPRT (E-SECUZIP-LH). Le conseil d’administration est composé d’entreprises Seveso, d’entreprises riveraines, du Port, de la CCI, etc. Le travail est animé par une équipe pilotée par un délégué général.

Les entreprises riveraines disposent d’un recueil départemental de conseils pour mettre en place les PMA-AE.
Les règlements PPRT ont donc fixé aux entreprises riveraines une feuille de route et des interlocuteurs désignés pour les accompagner. Par ailleurs, à l’initiative du SIRACED-PC, et avec l’appui des acteurs locaux (les deux associations, les collectivités), un recueil de recommandations a été élaboré pour aider les entreprises. En portant ensemble un « discours » commun auprès des entreprises, les acteurs locaux de la sécurité et les services de l’État assurent la compatibilité de ces mesures avec le Plan Particulier d’Intervention (PPI). Une difficulté de la mise en œuvre des mesures organisationnelles a donc été levée.

Ce recueil très synthétique est présenté sous forme de fiches à remplir. Chacune contient les informations à connaître. Les 17 fiches sont organisées autour de 3 axes :

  • Les fiches pédagogiques : connaissance des risques, information et formation, exercices.
  • Les fiches « mesures de protection » : transmission de l’information en cas d’événement, alerte interne, mise en sécurité de l’établissement, local de mise à l’abri, définition des missions, retour à la normale.
  • Les fiches d’enregistrement en cas d’activation du PMA-AE : déclenchement de l’alerte, mise à l’abri, contact des parties prenantes, activation du PMA, recensement des personnes.

 

En 26 pages, ce livret donne toutes les clés aux entreprises. Une fois rempli, il permet également d’assurer la traçabilité de ce qui a été décidé et fait, et d’en informer les associations, les services de l’État, les industriels et les collectivités.

L’accompagnement au Havre : « vers un fond commun d’expériences »
Des sessions de formation sur site + des entretiens individualisés

Une première session expérimentale s’est déroulée le 19 juin 2017 sur le site de  SAFRAN Nacelles. Les entreprises présentes ont pu partager leurs expériences sur le sujet et disposer de repères essentiels pour engager la réflexion au sein de leurs établissements. L’après-midi était consacrée à l’approche PMA-AE chez SAFRAN Nacelles avec une visite du site.

Les entreprises réunies ont enrichi le futur cahier des charges des formations à venir. En effet, SYNERZIP-LH prévoit de planifier des sessions pour les 150 à 200 entreprises concernées. Cela représente environ 20 sessions qui pourraient s’étaler jusqu’à 2021.

L’accompagnement à Port-Jérôme : « créer des binômes entreprises Seveso-entreprises riveraines »
Des réunions annuelles de sensibilisation + des visites sur site selon les besoins exprimés

Sur le site de Port-Jérôme, les acteurs avaient enclenché le travail avec les entreprises riveraines, avant le PPRT, en élaborant un plan de communication d’urgence. Le dispositif est testé une fois par an. Pendant une semaine, chacun des Seveso au nombre de 5 déclenche son plan de communication d’urgence afin de le tester. L’agglomération retient de cette expérience que le public des entreprises est difficile à mobiliser d’autant plus que toutes ne sont pas identifiées.

Cette expérience sert de base de réflexion pour organiser la sensibilisation sur le PMA-AE. L’accent semble notamment être mis sur le lien de proximité à établir entre les sites Seveso et les entreprises. L’association envisage, en effet, de former des binômes entreprises Seveso / entreprises riveraines. Dans la pratique, la première étape a consisté à recenser les entreprises de la zone.

Aujourd’hui, la dynamique est lancée. Le 15 septembre, une première réunion de sensibilisation a été organisée (le règlement PPRT impose une rencontre chaque année entre toutes les entreprises concernées). Chaque entreprise s’est vue remettre un dossier personnalisé contenant des éléments sur la situation de son établissement : n° de zone PPRT, cartes d’aléas, etc. Sur les 92 entreprises recensées dans la zone industrielle, 71 sont incluses dans le PPRT. 31 ont participé à la réunion soit 44%. La démarche n’est pas réservée uniquement aux entreprises ayant l’obligation du PMA-AE mais à toute la zone industrielle dans un objectif de culture commune de la sécurité. Sur les 21 entreprises non concernées par le PPRT, 10 étaient présentes.

Tous les participants (entreprises, services de l’État et communes) ont émis un vif intérêt pour la démarche. Elle sera renouvelée en 2018 avec un retour d’expérience sur les plans de mise à l’abri qui auront été élaborés.

En savoir plus sur la mise à l’abri