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22/06/20

Gestion des risques et petits commerces

Un enjeu pour deux raisons

1. Les commerçants sont des acteurs importants dans la vie d’une commune et sont des relais d’information. Aujourd’hui, alors que l’efficacité des dispositifs d’information préventive est remise en question, il serait intéressant de tester de nouvelles pistes comme promouvoir une information relationnelle et conversationnelle, laquelle pourrait notamment passer par une collaboration avec les commerçants.

2. L’accident de Lubrizol a également questionné le rôle des directeurs d’établissements recevant du public dont les commerçants font partie. Leurs établissements accueillent un public qu’ils doivent mettre en sécurité en cas d’accident. Lors des attentats de 2015 et 2016, il a été établi qu’ils jouent également un rôle important dans l’accueil des passants. La probabilité pour que les individus se trouvant à l’extérieur tentent de s’abriter dans un magasin en cas d’accident industriel est potentiellement très élevée.

Pour toutes ces raisons, il est primordial qu’une déclinaison nationale du dispositif d’accompagnement des habitants (financement – ingénierie – guide et référentiel adaptés) soit proposée aux commerçants. Aujourd’hui, quelques collectivités ont pris l’initiative de déployer des dispositifs et constatent qu’elles ne sont pas suffisamment outillées.

La spécificité des petits commerces

Les métropoles de Lyon et de Grenoble se sont engagées dans un accompagnement des acteurs économiques concernés par la mise en œuvre des mesures PPRT. Ces deux dispositifs assez similaires ont pour objectif de faire entrer les acteurs économiques dans une démarche d’amélioration de la sécurité en proposant des actions de sensibilisation et des pré-diagnostics sommaires. Dans ce cadre, la question des petits commerces est apparue comme particulièrement sensible et devant être abordée différemment.

Dans l’agglomération lyonnaise, les premiers contacts sur le terrain ont nécessité de construire des éléments méthodologiques inédits. Constatant que les responsables de petits commerces ne disposent que de très peu de temps et de moyens, il est apparu nécessaire d’optimiser les moyens d’expertise. Faute de pouvoir s’appuyer sur un référentiel national, la démarche et les outils ont dû être adaptés.

Les spécificités
> les commerçants, généralement locataires du bien, disposent de peu d’information techniques sur leur bien (type de vitrage et d’ancrage, etc.)
> la présence de vitrines, de vitrages de grande taille et ouvertures – commun à tous les commerces – sont autant de point de fragilité en zone de surpression ;
> de multiples obligations réglementaires en termes d’accessibilité ne sont pas compatibles avec la mise en protection des biens face aux risques industriels ;
> des configurations de locaux qui compliquent la mise à l’abri ;
> la présence de sas automatiques, de portes coulissantes, incompatibles avec les exigences de perméabilité à l’air en zones toxiques et de résistance à la surpression ;
> les aides financières sont inexistantes sauf dispositifs volontaires mis en place par les collectivités locales (couplées aux aides classiques de soutien aux commerces).

Un besoin d’outils simplifiés et standardisés

Aujourd’hui, les acteurs de terrain rencontrent des difficultés dans l’établissement des pré-diagnostics sommaires. Il est urgent qu’ils puissent disposer d’outils simplifiés pour accompagner le travail des diagnostiqueurs et proposer un premier niveau de mise en sécurité.

Plusieurs points appellent une expertise technique. Le groupe de travail identifie une série de besoins qui nécessiteront des investigations plus ou moins poussées :
– la tenue aux effets de surpression des vitrages de grandes dimensions et de nature spécifique ainsi que la tenue des autres éléments constituant les vitrines ;
– l’efficacité du filmage de ces vitrages ;
– le traitement des sas et portes coulissantes ;
– une méthode simplifiée pour effectuer les diagnostics sommaires dans les petits commerces exposés à un aléa toxique, non situés en rez-de-chaussée d’immeuble ;
– la définition des grands principes de mise à l’abri dont le confinement.


22/06/20

De l’alerte à la mise à l’abri

L’enquête

Réalisée en 2018 sur l’agglomération rouennaise, cette enquête porte sur la connaissance du signal national d’alerte et des consignes telles que décrites dans les documents officiels ainsi que sur les comportements réflexes possibles des populations en cas d’alerte. Elle s’intéresse aux résidents de la zone PPI ou aux personnes la fréquentant occasionnellement ou régulièrement. Un questionnaire complémentaire destiné aux responsables des ERP (équipements recevant du publics) privés et publics a permis de creuser la question de la mise à l’abri.

Les chiffres

> 19% des personnes connaissent à la fois l’alerte et les consignes.
> 24 % connaissent le signal d’alerte (sirène) mais n’associent pas de comportement.
> 46% ne connaissent ni l’un ni l’autre.
> Moins de 20% des enquêtés font le lien entre le signal d’alerte et les consignes
> 60% des responsables d’ERP ou de sécurité ne laissent pas entrer les personnes situées à l’extérieur dans leurs établissements en cas d’alerte.

Les enseignements saillants

– Les résultats de cette enquête mettent en évidence l’absence de réflexes normés tels que prescrits par les autorités alors que, dans les exercices de crise, le scénario le plus souvent joué est celui de populations qui se comportent selon les procédures transmises lors des campagnes d’information.
– Cette enquête constate une variété de comportements déclarés au moment du déclenchement d’une alerte. Ainsi, au-delà de la simple connaissance des consignes, leur mise en pratique reste un défi. Elles sont parfois mal comprises ou pas adaptées.
– Alors que la conduite à tenir est principalement la mise à l’abri dans le bâtiment le plus proche, cette consigne n’est pas réaliste en milieu urbain non équipé en abri refuge. Dans ce contexte, l’accueil dans les ERP (publics et privés) est un enjeu qui n’est aujourd’hui pas identifié.

Des pistes de travail

– Démultiplier les moyens d’alerte
– Un programme de formation auprès des personnels de sécurité et des responsables des ERP.
– Un diagnostic sur les zones refuges et de mise à l’abri présentes sur les territoires à risques industriels afin d’évaluer la cohérence de la consigne avec les capacités d’accueil du territoire.
– La création d’un statut de personnes référentes de sécurité civile pour les agents de sécurité ou responsables d’ERP

En savoir plus

Justine Fenet et Éric Daudé, « La population, grande oubliée des politiques de prévention et de gestion territoriales des risques industriels : le cas de l’agglomération rouennaise », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Espace, Société, Territoire, document 932, mis en ligne le 07 février 2020.