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24/01/16

Informer et former les salariés

20150921_134551Les chefs d’entreprises existantes, riveraines des sites Seveso seuil haut, ont  l’obligation d’informer leurs salariés sur les risques auxquels ils sont exposés. 
Mais aujourd’hui, ils ne savent pas comment faire.
Dans le cadre de RESIRISK, des outils sont en cours
de réalisation. Ils ont pour objectif d’accompagner les chefs d’entreprises dans cette démarche d’information
. Nous travaillons  à partir des questions, remarques, etc. exprimées par les entreprises rencontrées.

Les entreprises participantes souhaitent que le ResiGuide à venir répondent aux questions suivantes :
>
Quels outils mettre en place dans les entreprises pour informer des salariés sur les risques industriels  (y compris aux nouvelles embauches, intérimaires, etc.) ?
> Quelle intégration de ces actions dans la formation professionnelle et dans les démarches de certification ?
> Quelle information du public dans le cas des ERP ?
> Faut-il créer un support d’information spécifique pour informer les salariés de l’existence des risques industriels majeurs ? Si oui, lequel ? Avec quelles informations?
> Que pourrait contenir un kit d’information à destination des salariés pour qu’ils se sentent concernés sans tomber dans le catastrophisme ?
> Comment gérer alerte et travailleurs isolés (grande amplitude horaire) ?
> Comment mutualiser la réflexion autour du DUER ?

Le ResiGuide, édité certainement sous forme de kit, sortira au printemps 2016. Il a pour objectif de fournir des réponses pratiques qui pourront aider les collectivités et les entreprises à mieux prévenir les risques industriels. 

 


18/11/15

Gestion de crise et réseaux sociaux

uic-normandieCommuniquer différemment est une nécessité.

La scénarisation de l’échange organisé par l’UIC Normandie, à l’occasion de la remise des trophées Responsable care, a permis de dépasser cet écueil. Partant du témoignage d’une riveraine sentant des fumées et entendant l’alerte PPI, il lui a été demandé d’exposer ses « comportements réflexes » :
1. Sortir de sa maison et appeler ses voisins.
2. Consulter Twitter et Facebook, réseaux sociaux sur lesquels elle trouve des réactions à chaud, des émotions mais pas d’information claire.
3. Appeler les pompiers sans réussir à les joindre.
4. Appeler la mairie.
Cette mise en scène a pour vertu de mettre en évidence un fait : l’utilisation des réseaux sociaux est une réalité dont il ne convient plus de discuter la légitimité. Avec twitter et autres, la nécessité d’anticiper et de communiquer devrait être au travail.

Même fausse, une information véhiculée sur les réseaux devient une réalité.

Sur la zone portuaire du Havre, il aura fallu plusieurs manqués pour que les acteurs se saisissent de cette question. Olivia Levasseur, directrice de la centrale thermique, a témoigné du cheminement qui les a conduits à réviser leurs pratiques en matière d’information. Le point de départ : des incidents, sans impact à l’extérieur de la centrale thermique, donnant lieu à des déchainements sur les réseaux sociaux. Aucune information n’avait été donnée par la centrale thermique. Aujourd’hui, leur positionnement en la matière est unique : ils communiquent sur tous les évènements, incidents, POI, etc.

La commission « risques industriels » de la CCI du Havre a accompagné cette réflexion et travaillé à l’adaptation des outils d’information des populations. Allo-industrie, le répondeur automatique, est renforcé désormais par un site Internet www.allo-industrie.com qui détaille le moindre incident. L’objectif est de créer un lieu et un lien de confiance qui permettront sans doute de mieux gérer un évènement grave. Un compte twitter vient d’être lancé. Par exemple, le 18 novembre, EDF informait, par tweet, un essai de chaudières générant des dégagements bruyants de vapeur d’eau sous pression. Des démarches sont en cours pour que des twittos populaires acceptent d’être des relais.

L’enjeu aujourd’hui est de produire l’information de façon beaucoup plus rapide.

Lors d’un évènement (et non un incident), la procédure est plus écrite. Les acteurs de la gestion de crise (industriels, pompiers, préfet, collectivités) suivent un protocole pour communiquer une information compréhensible, précise et légitime. Ce protocole vise à fournir un message cohérent et une information basée sur des faits. Mais l’enjeu aujourd’hui est de produire cette information beaucoup plus rapidement que par le passé afin de ne pas être débordé.

Ainsi les réseaux sociaux remettent en question la gestion de crise dont un des piliers est l’information des populations, et ce, même dans des zones bien organisées comme Le Havre ou Caux-Vallées-de-Seine. Dans ces territoires, les acteurs ont construit une culture commune de la maîtrise des risques. Cette culture doit toujours être remise sur le métier et l’échange organisé par l’UIC Normandie est une bonne base pour entamer ce chantier.

Crédit photo – UIC Normandie


17/11/15

Information des acquéreurs et locataires

Cette information prend la forme d’un état des risques annexé par les soins du vendeur ou du bailleur aux promesses de vente ou d’achat, aux contrats de vente et aux contrats de location écrits.

ialLe vendeur ou le bailleur doit établir l’état des risques.

Depuis la loi du 30 juillet 2003, le futur acquéreur ou locataire d’un bien situé en zone de sismicité et/ou d’un plan de prévention des risques prescrit ou approuvé, doit être informé des sinistres majeurs qui ont concerné le bien.
Cette information est communiqué via un document administratif appelé « état des risques naturels et technologiques (ERNT) ». Celui-ci doit être établi moins de 6 mois avant la date de conclusion du contrat de vente ou de location, en se référant au document communal d’information qu’il pourra consulter en préfecture, sous-préfecture ou mairie du lieu où se trouve le bien ainsi que sur Internet.

Le futur propriétaire ou locataire doit disposer d’une information écrite précisant les sinistres sur le bien ayant donné lieu à indemnisation au titre des effets d’une catastrophe naturelle ou technologique, pendant la période où le vendeur ou le bailleur a été propriétaire ou dont il a été lui-même informé par écrit lors de la vente du bien. Cet état des risques ainsi constitué doit être joint à la promesse de vente et à l’acte de vente, et dans le cas des locations, à tout contrat écrit de location.

 


17/11/15

Information préventive : responsabilités du maire

L’information préventive vise à renseigner tous les citoyens d’une commune exposée à un ou plusieurs risques, sur les mesures de prévention mises en place , et à leur communiquer les gestes réflexes en cas d’accident.

Les outils d’information préventive réglementaires

 


07/10/14

Frontignan : incident sur un bac d’essence

frontignanLe déroulement de l’incident

* Dans la nuit du 17 au 18 septembre 2014 : de fortes pluies tombent sur Frontignan.
* 8h : un problème est détecté sur une cuve. En effet, un toit flottant est tombé d’une cuve de stockage d’essence. L’essence contenue dans ce bac s’est donc retrouvée à l’air libre. Le Plan d’Opérations Interne (POI) est déclenché.
* 10h45 : la mairie interpelle l’industriel pour obtenir des informations.

Plusieurs dysfonctionnements pointés par la Mairie

•    La détection tardive de l’incident.
•    La chaîne d’alerte non suivie par l’industriel, ni en direction du centre d’intervention de Frontignan, ni en direction des services municipaux.
La mairie s’interroge sur le non-respect de la chaîne d’information, notamment vis-à-vis de la commune, garante de la santé publique de ses habitants. Elle a demandé l’ouverture d’une enquête administrative pour expliciter la chronologie des faits. 

En savoir plus

 


10/04/14

Réseaux sociaux et gestion de crise

Quels usages des médiaux sociaux en gestion de crise ?
Tous les médias sociaux ne peuvent être utilisés de la même façon en gestion des crise. Pour autant, ils peuvent servir lors des 3 phases :

Avant la crise – Se préparer
Pour être efficace au moment de la crise, il est essentiel d’assoir sa légitimité et d’être suivi par une communauté. Pour cela, il est important de diffuser régulièrement, des documents et des messages de prévention, pour que la population suive la collectivité sur cette thématique.
Aujourd’hui, les premières informations que l’on trouve sur un événement sont souvent des photos ou vidéos postées sur Internet. Les médias sociaux sont donc des outils de veille, et permettent d’anticiper ou de réagir plus rapidement lors d’une crise.

Pendant la crise
Les médias sociaux peuvent être utilisés pour diffuser des messages d’alerte et des consignes de sécurité.
Pendant la crise, une avalanche d’informations circule sur les réseaux sociaux : elle peut aider ou ne pas aider les collectivités. Être sur les réseaux sociaux permet d’avoir une certaine visibilité sur ces informations précieuses pour intervenir le plus en amont possible. Cela peut également permettre de détecter et démentir des rumeurs.

Après
Après la crise, on peut voir émerger spontanément sur les réseaux sociaux des communautés solidaires.

@parisinondation
L’inondation est LE risque majeur à Paris. Il s’agit, plus précisément, du risque de crue à cinétique lente : l’eau arrive relativement lentement, ce qui laisse le temps d’évacuer les habitants.

Pourquoi un compte Twitter @parisinondation ?

La création du compte Twitter @parisinondation relève du constat que, pour Paris, la conscience et la connaissance du risque d’inondation est relativement faible. Le compte Twitter vise donc à répondre à 3 objectifs :
– améliorer la résilience de la population par rapport au risque inondation ;
– diffuser rapidement des informations pédagogiques et préventives ;
– montrer l’implication de la ville.
Il est important de souligner que ce compte Twitter vient en complément de nombreux modes de communication, utilisés en « période de crise » et en « période normale » : 173 journaux électroniques d’information, le site Internet Paris.fr, le compte Twitter @paris, l’application smartphone « Paris à la seconde », et les médias traditionnels (TV, presse, radio).
Le compte @parisinnondation doit donner une meilleure visibilité aux messages d’information consacrés à ce risque.

Comment ce compte fonctionne-t-il ?

En temps normal, ce compte est géré par 4 personnes, travaillant au pôle Gestion de crise de la Direction de la Prévention et de la Protection. Il y a également un fort partenariat avec le Zone de Défense et de Sécurité de Paris (Préfecture de Police de Paris), ainsi qu’avec l’ensemble des gestionnaires de réseaux parisiens, la PRIF et la DRIEE.
En période de crise, la configuration sera différente. Une action commune avec la Direction de la Communication sera mise en place afin d’assurer une cohérence dans la diffusion des messages. Les effectifs en place seront fortement renforcés pour assurer la continuité de la diffusion de l’information et des messages.

Quelles sont les perspectives d’avenir ?

L’évolution du compte @parisinondation en @parisrésilience ou @parisrisquesmajeurs est une perspective possible. Il faut d’abord que le compte @parisinondaion se développe et acquiert de la visibilité. Le choix d’un compte dédié au risque inondation, le risque majeur à Paris, permet de tester la réactivité et l’intérêt que portent les parisiens sur cette thématique.

La Communauté d’agglomération du Havre multiplie les outils.
Lors de l’incendie de la centrale thermique du Havre, le 30 janvier 2012, le premier élément faisant référence à cet événement est un statut Facebook posté 17 minutes après le début de l’incendie, et les premières images sont apparues sur Twitter (89 minutes). Cet événement a déclenché une prise de conscience de la Communauté d’Agglomération du Havre (CODAH), sur la nécessité d’utiliser les médias sociaux. Aujourd’hui, la CODAH s’est munie d’une variété d’outils complémentaires pour communiquer sur les risques.

Les outils « classiques » de communication

Lors d’une crise, la communication avec la population se fait très rapidement par le système de sirènes d’alerte. Pour avertir d’un risque imminent ou en cours, la sirène reste le moyen le plus rapide et le plus efficace. Ensuite, la communication est assurée directement par l’attachée de presse du Président de l’agglomération. Elle est en relation directe avec l’ensemble des médias et peut les contacter rapidement, pour transmettre les consignes de sécurité.

@Alertestuaire et AlloIndustries pour améliorer la communication

Aujourd’hui, avec l’ORMES (Office des Risques Majeurs de l’Estuaire de la Seine), la CODAH dispose du compte Twitter @alertestuaire. Ce compte permet de diffuser des consignes soit directement à la population soit aux journalistes locaux qui suivent ce compte. Pour être davantage efficace et rapide dans la diffusion des messages d’alerte, la CODAH s’est dotée d’une carte heuristique des types de messages pouvant être passés sur Twitter. Pour chaque situation correspond alors un ou plusieurs messages.

Ce compte Twitter est également utilisé pour relayer les messages de la plateforme téléphonique AlloIndustries sur les réseaux sociaux. Cette plateforme a été mise en place par les industriels de la zone industrialo-portuaire du Havre, en partenariat avec la Chambre du Commerce et de l’Industrie (CCI).
L’objectif est de communiquer sur les événements perceptibles de l’extérieur des sites industriels. Les industriels adhérents expliquent l’événement sur la plateforme téléphonique, et leurs messages sont alors disponibles à tous les citoyens qui appellent le numéro de la plateforme. Ce dispositif répond ainsi à un souci de transparence entre les industriels et les riverains.

La plateforme Digimind comme veille des médias

Pour suivre les médias classiques et sociaux, la CODAH s’est munie d’une autre plateforme. Le but est de détecter les événements majeurs le plus en amont possible. A ce titre, la Direction des Risques Majeurs et la Direction Générale de la CODAH reçoivent 2 lettres d’informations quotidiennes et des alertes spécifiques en cas d’informations sensibles et/ou urgentes.

VOST, une perspective d’avenir

Virtual Operation Support Team (VOST), ou, en d’autres termes, une équipe de volontaires qui aide les autorités lors des crises pour exploiter les informations disponibles sur les réseaux sociaux. En France, l’association VISOV a été constituée pour agir dans ce sens et aider les autorités. Elle est ainsi intervenue lors des dernières inondations en Bretagne et dans le Var, ou lors de l’accident de train de Brétigny.

Forte de cette expérience, l’ORMES et la CODAH essayent de mettre en place une VOST pour faciliter, à la fois, la remontée d’informations des médias sociaux vers les autorités, et la communication des autorités vers la population.

En savoir plus
Magazine de la communication de crise & sensible, vol. 20 – nov. 2011, CE. ANFRAY
Les réseaux sociaux et la crise
Lire
La Gazette des communes, 16 avril 2012
Réseaux sociaux et collectivités territoriales : quelle stratégie adopter ?
Lire
CNFPT, 26 septembre 2012
Réseaux sociaux et collectivités locales
Lire
Magazine Qualys, 03 septembre 2013, J. SAIZ
Quelle place pour les réseaux sociaux dans la gestion des crises ?
Lire
Préfecture de Police, décembre 2013
Guide des bonnes pratiques des réseaux sociaux
Lire
Les Echos, 31 janvier 2014, R. BOSSU
Internet, réseaux sociaux un outil efficace dans la gestion de crises
Lire
Vademecom, 24 février 2014
Les réseaux sociaux peuvent-ils m’aider à gérer ma communication en situation de crise ?
Lire
Idéose, 05 mars 2014
Baromètre Idéose des collectivités territoriales sur le réseaux sociaux
Lire


17/11/13

DICRIM de Salaise-sur-Sanne : attention OVNI !

dicrim-sssAinsi, à Salaise-sur-Sanne, un habitant sur trois ne connait pas l’existence du DICRIM édité en 2009. La commune en a tiré les conséquences. Elle a mis en place une démarche qui fait figure d’OVNI dans l’univers de la communication sur les risques, souvent très sage et institutionnel.

Pourquoi le DICRIM de Salaise sur Sanne est différent :

  • parce qu’il est drôle ;
  • parce qu’il ose le visuel cru ;
  • parce qu’il utilise le support vidéo ;
  • parce qu’il a nécessité l’implication des habitants les plus jeunes.

Le dispositif mis en œuvre repose sur le DICRIM (document papier classique), 4 courts métrages expliquant les réflexes à connaître en cas de catastrophe majeure et une journée « d’invasion de zombies pratiquant le break-dance » pour annoncer la réunion publique de présentation à la population.

Les 4 courts métrages

Les 4 courts métrages sont la marque la plus originale de la version 2013 du DICRIM de Salaise sur Sanne. Ils ont été réalisés par les « jeunes » de la commune au cours d’un stage organisé par la Mairie pendant les vacances de la Toussaint 2012. Il est à noter que ce stage a été présenté comme un stage sur les films catastrophes et non comme un stage « risques » et qu’il a fait l’objet, comme l’ensemble du projet, d’un travail conjoint entre plusieurs services de la mairie : jeunesse, information-communication et sécurité civile.

Ces courts métrages humoristiques expliquent les bons réflexes à avoir en cas de catastrophes. Ils s’attaquent tout particulièrement à des comportements bien ancrés chez les habitants et, pourtant, déconseillés : le fait d’aller à l’école chercher ses enfants ou de décrocher son téléphone pour en savoir plus sur l’accident en cours. Ces courts-métrages s’attaquent également à un autre défi, à savoir la représentation du risque. Le parti pris ici est le burlesque : le risque se transforme en araignée géante, en tyrannosaure ou en zombies.

Le moteur de la démarche : l’équipe municipale

Ce DICRIM original s’inscrit dans une démarche enclenchée, depuis quelques années déjà, à Salaise-sur-Sanne. Nous avions déjà évoqué le diagnostic commandé par la Commune pour connaître la perception qu’ont les Salaisiens des risques générés par l’industrie très présente sur le territoire. Progressivement, la Commune bâtit une politique communale de gestion des risques adaptée à son territoire.

En savoir plus
Lire le dossier de presse


23/06/13

Projet pilote – Le PPRT de Feyzin sur googlemap

feyzinC’EST UNE PREMIÈRE. Une commune a fait le choix d’utiliser des outils de cartographie dynamique pour présenter les cartes d’aléas stabilisés à sa population. Le principe est simple : utiliser googlemap et créer un accès via le site de la mairie www.ville-feyzin.fr. Fini les fichiers PDF au téléchargement interminable ou les documents trop flous : les Feyzinois ont le luxe de pouvoir zoomer sur la carte, cliquer sur leur quartier, l’école ou la boulangerie pour mieux connaître les caractéristiques des risques.

Pourquoi les habitants ne lisent-ils pas les documents officiels concernant les risques technologiques ? Comment pourrait-on les sensibiliser ? La ville de Feyzin et Amaris font le pari que la cartographie dynamique est un élément de réponse. Elles ont donc initié ce projet pilote avec pour objectifs de simplifier la consultation des cartes, améliorer la transparence sur des procédures administratives complexes et pourquoi pas donner envie aux habitants d’en savoir plus.

> Vous êtes une collectivité.
> Vous souhaitez utiliser un outil de cartographie dynamique.
CONTACTER AMARIS AU 01 40 41 42 12.


09/04/13

Une communication meilleure est possible.

Est-ce qu’à force de vivre à côté d’une usine, les riverains oublient sa présence?
On ne peut pas dire que les riverains oublient les usines avec lesquelles ils vivent. Comment le pourraient-ils d’ailleurs ? L’industrie chimique et pétrolière est bien trop indiscrète pour se faire oublier comme ça de ses voisins les plus proches. Les sites de production sont souvent très bruyants, ils génèrent toutes sortes de nuisances (des fumées, des odeurs, des souillures) qui s’imposent en permanence chez tous ceux qui résident à proximité.

Les usines sont aussi des lieux d’intense activité, toujours en mouvement. Il s’y passe tout le temps quelque chose. Certains ne perdent rien de ce spectacle permanent : ils s’intéressent en continu à ces voisines « hors du commun », les scrutent, les surveillent, les écoutent, les hument. D’autres sont moins assidus, mais la plupart indique quand même être plutôt attentif aux manifestations, mouvements et transformations du voisinage industriel.

Mais si les usines sont une source d’intérêt pour les riverains, on ne peut pas dire pour autant qu’elles dominent leur quotidien. Même quand ils les savent dangereuses, ce qui est souvent le cas, les habitants sont loin d’être obnubilés par l’idée de l’accident ou de la nuisance qui menace leur intégrité physique. Ils ont, en général, d’autres priorités. Une multitude de préoccupations domine ainsi la question du risque chez la plupart des riverains que nous avons rencontrés : les problèmes personnels, familiaux ou professionnels bien sûr, mais aussi tous les problèmes de société liés à la montée du chômage et à la dégradation de la situation économique globale.

Contrairement à ce que pensent la plupart des acteurs de la prévention, les riverains ne sont pas focalisé sur le sujet « risque industriel », tout simplement parce qu’il ne fait pas problème (ou pas assez) à leurs yeux.

Les riverains sont-ils plus sensibles à la question des nuisances qu’à celle des risques?
Dire que les riverains sont plus sensibles aux nuisances qu’aux risques revient à penser qu’ils départagent clairement les deux. Or ce n’est pas le cas. Contrairement aux acteurs de la prévention qui ont tendance à compartimenter la réalité pour pouvoir agir, les habitants que nous avons interrogés ne font pas de distinction entre les différents types de problèmes posés par la proximité des usines. Pour la majorité d’entre eux, les catégories de risque, de pollution ou de nuisance ne renvoient pas à des types d’agression clairement identifiés. Les problèmes perçus par les habitants coexistent comme une masse indistincte au potentiel dangereux et nuisible.

On le voit bien dans les entretiens, les riverains ont du mal à distinguer les différents problèmes occasionnés par les usines. Les odeurs, les fumées, le bruit, le souvenir d’un accident, la perspective d’une catastrophe dévastatrice, les signes d’une pollution de l’air ou le récit d’une mise à l’abri suite à une alerte, tout se mêle sans ordre apparent. Il est ainsi fréquent pour les enquêtés de parler des nuisances quand l’enquêteur pose une question sur les risques ou d’évoquer la perspective d’un accident alors que la discussion porte sur les odeurs ou le bruit.

Pour les riverains, risques et nuisances forment une seule et même réalité : ils n’ont donc pas vocation à être distingués, ni dans les discours, ni dans les têtes, ni dans les actes, encore moins dans l’information réglementaire. De ce point de vue, parler des nuisances peut être un bon moyen d’intéresser les riverains à la question des risques.

Comment définissez-vous la relation des habitants à l’usine ?
Elle est dynamique. La perception de l’usine et de ses dangers oscille en permanence (y compris dans le temps court de l’entretien) entre les deux états possibles qu’impose la proximité de l’usine : la situation de danger d’un côté, la situation de sécurité de l’autre. Les riverains se déplacent sans cesse sur l’axe situé entre ces deux extrémités. Tout simplement parce qu’ils n’arrivent pas à fixer une représentation qui pourrait, par exemple, consister à penser qu’il n’y a définitivement aucun danger ou au contraire, à se placer durablement dans la perspective de l’accident à venir. Tous sont dans cet entre-deux, comme en tension entre la certitude que le risque est bien réel et, la volonté de le réduire à néant pour rendre vivable cette proximité très souvent non désirée.

Personne ne peut supporter durablement l’idée d’être en danger. Les riverains se situent donc toujours dans cette double perspective : celle de l’accident, toujours pensé comme possible, et celle de la sécurité, toujours espérée en ce qu’elle permet de réduire la possibilité de l’accident et de ses conséquences néfastes.

Toutes sortes d’arguments sont ainsi mobilisées par les habitants pour neutraliser l’idée du danger. L’autoroute qui passe au pied de l’usine, la population dense qui habite autour et les nombreux bâtiments publics situés dans son voisinage proche jouent souvent ce rôle.

Comment penser, en effet, que des gens responsables aient créé autant de vulnérabilités si les usines étaient vraiment dangereuses ?

De la même manière, le témoignage d’un ami, salarié de l’usine, ou le souvenir d’une information croisée dans le journal peut être fort utile pour se rassurer, surtout lorsqu’il y est question de ces mesures justement conçues pour que l’accident n’arrive pas. Ainsi, l’information devrait, à l’image des représentations habitantes, être conçue dans une perspective dynamique, pour aider les riverains à effectuer ce travail d’interprétation toujours en cours.

Information sur les risques : quels sont les enseignements principaux de votre étude ?

J’en retiendrais trois :
– Le premier est que la connaissance de l’usine et de ses dangers est très inégalement répartie. Les savoirs sur les risques industriels sont très variables d’un riverain à l’autre. La communication officielle ne s’adresse donc pas à une population homogène, qui aurait globalement les mêmes attentes et les mêmes besoins. D’où l’intérêt de varier les contenus, les formes et les vecteurs d’information, de manière à toucher un public le plus large possible.
– L’étude montre également qu’à défaut de s’intéresser aux risques, les riverains s’inquiètent beaucoup de la « santé » économique des usines.
Une bonne moitié des personnes interrogées évoque ainsi des rumeurs de fermeture et/ou de démantèlement des sites de production voisins. Mais si la question préoccupe, elle reste le plus souvent sans réponse car les industriels communiquent très peu sur le sujet. Ils auraient pourtant avantage à le faire. L’absence d’information sur la situation économique des entreprises et leurs perspectives d’avenir contribue à former chez les riverains une représentation opaque du monde industriel qui génère une méfiance envers ses dirigeants d’une part, envers l’information qu’ils produisent dans le cadre des campagnes officielles d’autre part.
– L’étude témoigne enfin des difficultés rencontrées par les riverains pour s’approprier le contenu de l’information réglementaire.
On observe, par exemple, que la profusion de sigles et termes techniques dans la plupart des messages conçus par les industriels perturbe la bonne réception de l’information. Non seulement, elle rebute l’habitant profane, mais elle a tendance à le maintenir dans une condition d’ignorant (ratant du même coup l’objectif qu’elle se donne).
La difficulté est encore renforcée par le pouvoir que le monde industriel exerce (souvent malgré lui) sur son voisinage. Un pouvoir qui paralyse les habitants et les empêche bien souvent de « passer à l’acte » pour s’informer et chercher à en savoir un peu plus sur cette usine qui les interroge ou les inquiète. Parmi les personnes rencontrées, certaines n’osent même pas penser qu’elles pourraient avoir le droit de savoir ce qu’elles risquent, comme si cette possibilité leur était de toute façon interdite.

La réglementation, qui prévoit des campagnes d’information tous les 5 ans, est-elle bien faite ?

A l’exception des consignes à suivre en cas d’accident qui sont plutôt bien assimilées par la population habitante, les moyens existants pour informer sur les risques industriels pourraient être repensés pour davantage coller aux aspirations des riverains et surtout, tenir compte de la diversité des relations qu’ils entretiennent avec l’environnement industriel.

Au cours de l’enquête, nous nous sommes rendus compte qu’à des rares exceptions, la connaissance de ce qui se passe dans les usines est vraiment très faible. Même lorsqu’ils sont normalement informés, les riverains ont tendance à ne pas savoir précisément ce qui se fabrique dans les usines et les dangers auxquels ils s’exposent en vivant dans leur voisinage. L’information réglementaire gagnerait donc à davantage mettre en valeur les activités industrielles, les productions locales, les produits et leurs effets afin de pallier la méconnaissance des habitants sur le sujet.

L’idéal serait de privilégier une information localisée détaillant, de façon simple et imagée, les caractéristiques de chaque usine : quelle activité, quelles productions, quels dangers, quels effets possibles de ces dangers sur le voisinage ? Car si dans son format actuel, l’information réglementaire semble satisfaire les acteurs institutionnels et quelques riverains « experts » du sujet, l’étude montre que les messages diffusés, aussi élaborés soient-ils, ratent une bonne partie du public qu’ils cherchent à atteindre.

Que pourrait être une bonne information sur les risques ?

Pour être efficace, l’information sur les risques industriels ne peut pas se contenter d’informer, c’est-à-dire diffuser un message intelligible sur le sujet qui l’occupe, elle doit d’abord intéresser et concerner son public, tout son public. De ce point de vue, une «bonne information» est une information dynamique, conçue localement et diffusée en continu (à intervalles réguliers, pas trop espacés dans le temps) par des voies multiples.
Une «bonne information» est aussi une information qui n’hésite pas à emprunter des chemins détournés pour toucher tous ceux qu’elle n’atteint pas en allant droit au but.
Une «bonne information» est enfin une information susceptible de nourrir (sans l’entraver) le travail d’interrogation et d’interprétation qui est au fondement de la relation de chaque riverain avec l’usine voisine et qui permet, au bout du compte, de rendre vivable cette proximité non désirée.

Devrait-on s’inspirer des campagnes de communication de la sécurité routière ?

Si l’idée est de profiter des campagnes d’information pour mettre les riverains face à la réalité crue des risques industriels, alors oui, il faudrait s’inspirer des messages de la sécurité routière. L’information sur les risques industriels accorde beaucoup d’importance aux mesures de sauvegarde susceptibles d’être activées en cas d’accident. De même, les actions de prévention supposées contenir les phénomènes accidentels sont largement mises en valeur.
En revanche, la source de danger proprement dite n’est jamais vraiment exposée et comme maintenue dans une sorte de « flou artistique ». Rien n’est dit par exemple sur ce que les riverains pourraient subir dans leur corps si l’événement redouté devait se produire, si l’accident devait arriver « en vrai ». Pourtant, comme je le disais juste avant, les habitants des quartiers industriels sont préparés à cette éventualité et prêts à entendre ce qu’ils risquent vraiment en vivant à proximité d’une usine qu’ils savent de toute façon dangereuse et polluante, c’est-à-dire susceptible de les affecter dans leur intégrité physique. Ils n’ont donc pas besoin d’être protégés en méconnaissance de cause. Au contraire, ils attendent un peu plus de transparence de la part des responsables industriels et des autorités publiques.
En savoir davantage sur les usines, leurs productions et les risques qu’elles engendrent (tous les risques, sans distinction de forme), tels sont finalement les véritables besoins exprimés par le public destinataire de l’information réglementaire.

EN SAVOIR PLUS SUR CETTE ÉTUDE
Cette étude a été commanditée, dans le cadre de la prochaine campagne PPI en Rhône-Alpes, par le secrétariat permanent pour la prévention des pollutions industrielles et des risques dans l’agglomération lyonnaise (SPIRAL) et le secrétariat permanent pour la prévention des pollutions et des risques dans la région grenobloise (SPPPY), au laboratoire EVS-RIVES de l’ENTPE et au laboratoire Triangle (CNRS).
L’information sur les risques industriels : quelles attentes ? quels besoins ? – Rapport d’étude, septembre 2012, Eva-Marie Goepfert, Emmanuel Martinais et Gwenola Le Naour