Par exemple : une poussière métallique émise par une cheminée peut rester dans l’air, se déposer au sol, être absorbée par une plante, puis consommée par une personne.
Les polluants peuvent donc :
> changer de milieu (air → sol → plante → humain) ;
> être transportés par des animaux, des insectes ou des micro-organismes ;
> se transformer en « polluants secondaires » sous l’effet de l’air, de l’eau, de la lumière ou d’autres substances (ex. : formation d’ozone dans l’air, transformation du chrome dans les sols).
Une fois entrés dans l’organisme humain, les effets des polluants dépendent :
> de leur nature et de leurs transformations ;
> des mélanges auxquels la personne est exposée ;
> de la sensibilité individuelle de chaque personne.
Actuellement, la réglementation repose sur une vision simplifiée de la pollution, appelée modèle balistique. Les polluants sont vus comme des projectiles : ils partent d’une source, se déplacent et atteignent une cible où ils peuvent causer des dégâts.
Conséquences de l’utilisation du modèle dit balistique
Ce modèle conduit à surveiller un certain nombre de polluants, milieu par milieu, sans considérer les interfaces entre l’air et le sol, entre les sols et les eaux, etc.
> Il ne prend pas en compte les transformations des polluants entre leur émission et leur réception.
> Il surveille les polluants séparément, milieu par milieu (air, sol, eau…), sans considérer les échanges entre eux.
> Il favorise une approche en silos d’expertise : les spécialistes de la qualité de l’air ne tiennent pas compte de la contamination des sols ou de l’eau, et inversement.
> Il ignore la dynamique globale des polluants dans l’environnement.
> Il n’intègre pas de lien direct entre pollution environnementale et santé humaine.
Pour mieux comprendre et gérer la pollution, il faut combiner deux approches complémentaires :
1. Approche environnementale : identifier les polluants (nature, toxicité, réactivité…), comprendre leur circulation entre milieux et leur accessibilité pour l’organisme.
2. Approche sanitaire : étudier les voies d’exposition chez l’humain et le lien avec les maladies.
L’environnement contient une très grande variété de substances, sous des formes et des combinaisons multiples. Pour mieux les comprendre et organiser leur suivi, on définit un polluant selon deux critères.
1. Sa nature chimique
> Métaux ou métalloïdes : arsenic, mercure, plomb…
> Composés organiques : PCB, dioxines, HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), etc.
2. Son état physique (ou phase)
> Dans l’eau : dissous ou en suspension.
> Dans l’air : sous forme de gaz ou de particules.
Exemples : Les HAP lourds → particules organiques / Le mercure → métal présent sous forme gazeuse / L’oxyde de fer → métal particulaire.
Les transformations physiques : naissance des polluants secondaires
Les polluants rejetés dans l’air ne restent pas toujours tels quels. Ils peuvent se combiner entre eux et créer de nouvelles substances. Ils peuvent changer d’état ou se transformer au contact d’autres polluants ou de la lumière du soleil.
🔹 Polluants primaires : ce sont ceux émis directement dans l’air (ex. : oxydes de soufre, monoxyde de carbone, hydrocarbures aromatiques polycycliques – HAP, certains métaux).
🔹 Polluants secondaires : ils apparaissent après des réactions chimiques dans l’atmosphère (ex. : ozone, dioxyde d’azote, acide sulfurique).
Exemple concret
>> Les particules ultrafines (taille < 1 μm) proviennent de la combustion à haute température (raffineries, aciéries…).
>> Elles peuvent aussi se former à partir de gaz (essence, gaz industriels…) qui, au contact de l’oxygène, de l’eau et du soleil, réagissent puis se condensent pour créer de nouvelles particules.
>> Or, ces particules ultrafines ne sont pas encore surveillées par la réglementation.
Conséquences pour la surveillance
Les incinérateurs filtrent efficacement les grosses poussières visibles. Mais certains gaz passent au travers. Une fois rejetés dans l’air, ils réagissent et se transforment en particules secondaires. Résultat : les mesures faites directement à la sortie des cheminées peuvent sembler conformes, alors qu’en réalité de nouvelles particules nocives se forment plus loin dans l’atmosphère.
Le transfert des polluants entre milieux
Un polluant émis dans l’air, le sol ou l’eau ne reste pas forcément dans ce milieu : il peut migrer vers un autre. On appelle cela le transfert de milieux. Les polluants circulent également entre air, sol et plantes, mais pas de la même manière selon les espèces.
Deux types d’action des polluants sur l’humain
1. Actions physiques
• Les particules fines pénètrent profondément dans les poumons (jusqu’aux alvéoles).
• Même sans toxicité particulière, leur seule présence déclenche une inflammation locale (réponse normale du système immunitaire).
• Si l’exposition est importante, cette inflammation peut s’étendre à l’ensemble de l’organisme.
• Cela entraîne des maladies variées : non seulement le cancer du poumon, mais aussi des troubles cardiovasculaires, du diabète, des retards de croissance, etc.
2. Actions chimiques
• Certains polluants agissent comme un poison : inhalés en quantité suffisante, ils abîment directement tissus et organes.
• Cas particulier : les perturbateurs endocriniens. Contrairement à la règle « la dose fait le poison », ils sont nocifs même à très faibles doses.
À retenir :
• Les polluants peuvent agir sur l’organisme de deux façons : par leur présence physique et par leur toxicité chimique.
• Ces effets s’additionnent, ce qui accroît les risques pour la santé.