En passant par Bâle…

03/11/15

Troisième rendez-vous international dans le cadre de RESIRISK. Une délégation d’une trentaine d’élus et techniciens s’est rendue à Bâle le 16 octobre dernier. Un territoire en pleine mutation où l’industrie chimique et les transports de matières dangereuses sont historiquement très présents. 

Plus qu’un projet transfrontalier, l’eurodistrict tri-national de Bâle (qui regroupe des collectivités suisses, allemandes et françaises) constitue un laboratoire unique à l’échelle de l’Europe en matière de gouvernance urbaine ; en témoigne, notamment, la création de l’IBA 2020 (International Bauausstellung). Cette approche singulière de la construction d’une grande métropole se traduit par le lancement de grandes opérations d’urbanisme, à l’image du projet Dreiland actuellement en cours de réalisation sur les tènements du port industriel.

Cette gouvernance transfrontalière est fortement emprunte d’une culture de la négociation. Ces médiations politiques et citoyennes, qui peuvent prendre des formes et des échelles variées, constituent l’ADN de la mise en œuvre des politiques publiques. La problématique des risques technologiques, très présente à l’échelle du territoire du fait des implantations historiques des grands groupes pharmaco-chimiques (BASF, Huntsman, Novartis, Roche, etc), n’échappe pas à cette tradition du consensus.

Deux illustrations de cette prise en compte « négociée » des risques technologiques :

> Le développement d’une voie mode doux dans un secteur de forts aléas :

La volonté des élus, français (Villes d’Huningue et Saint-Louis) et suisses (Basel), de développer des modes doux le long du Rhin (à la suite de la création dans les années 2000 de la passerelle des 3 pays) s’est heurtée, dans un premier temps, à une fin de non recevoir de la part des services de la DREAL. En effet, les périmètres de risque du site BASF d’Huningue, en partie classés en zone R, ne permettaient pas la création d’accès grand public aux berges. Des négociations tripartites ont été engagées entre l’industriel à l’origine du risque (qui a consenti des efforts supplémentaires de réduction du risque à la source et en périphérie via la construction d’un muret anti-déflagration), les collectivités et la préfecture du Haut-Rhin. Ces dernières ont permis d’aboutir et le projet est actuellement en cours de finalisation.

Voiemodedoux
Photo : Julien Lahaye. DR.

 

> L’activation anticipée des friches industrielles dans l’attente de leur développement

Dans le cadre du projet de reconversion des anciens sites portuaires et de la gare de triage ferroviaire (projet DREILAND), l’IBA BASEL 2020 a lancé plusieurs appels à projets afin de recenser les projets de développement susceptibles d’être portés par les acteurs locaux du territoire transfrontalier.

Photo port de Bâle

 

Parmi les projets déjà lancés, la préfiguration des usages futurs des espaces situés en bordure de la frontière allemande, côté suisse (berges Uferstrasse), témoigne d’une forte volonté des collectivités d’anticiper les reconversions industrielles en proposant aux citoyens de s’approprier des espaces délaissés et encore fortement contraints par des périmètres de risques technologiques.

Photo reconversion site

Photo : Julien Lahaye. DR

Ces aménagements éphémères sont riches d’enseignement. Ils sont non seulement révélateurs du pragmatisme du projet transfrontalier dans sa volonté de mettre en œuvre des actions visibles à court terme mais aussi d’un aménagement négocié avec les autorités.  

Par Julien Lahaye, mission Vallée de la chimie. Lyon Métropole.